L’économie de l’attention : changer un modèle discriminant, celui de l’argent
Quand vous vous levez le matin : regardez vous votre téléphone avant le petit déjeuner ou pendant le petit-déjeuner ? Il n’y a pas d’autre solution.
Poussons cette réflexion. Que regardez-vous sur votre téléphone ? Si la réponse à cette question est :
- réseaux sociaux
- plateforme d’achat en ligne
- recherche sur Google…
…la suite de cet article va vous intéresser ! L’économie de l’attention n’est pas un concept, c’est une réalité.
L’économie de l’attention et les annonceurs
L’économie monétaire : les annonceurs qui créaient de la valeurs
L’économie est une activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et de services. Hier l’économie était dirigée par les annonceurs Bancaire, Retail, Mode, Immobilier, Restauration, Tourisme, etc. Entre hier et aujourd’hui les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) se sont fait une place au-dessus de ces secteurs historiquement implantés. Les business models de ces plateformes reposent sur leurs utilisateurs et l’exploitation des données qu’ils génèrent. Si l’on prend l’exemple de Facebook : un utilisateur ne va pas payer la création de son compte ou la gestion de sa page. En revanche, son usage va être analysé et revendu à des annonceurs tels que BNP, Nike, McDonald’s. Le format le plus visible que nous connaissions et la publicité ciblée. Ces bannières que nous retrouvons sur les plateformes nous incitent à acheter des produits bancaires, des baskets ou bien d’aller dans des fast-foods.
Plus une publicité est ciblée, plus l’annonceur a de chances de vendre son produit ou son service. Si je vois sur Facebook une publicité pour McDonald’s à 8h du matin j’aurais peut-être envie d’y aller pour le déjeuner. Si je vois une publicité pour mon menu favori avec mon sandwich préféré et la boisson que j’aime, le tout à 11h55 en me proposant de me le faire livrer avec UberEats… J’aurais plus de chance de déclencher l’achat.
Pour arriver à créer des publicités aussi précises, il faut connaître au maximum sa cible. C’est le principe de l’économie de l’attention.
L’économie de l’attention : les annonceurs tirent la charrue
L’économie de l’attention est un concept de simple, le centre des marchés n’est pas la monnaie mais le temps d’écoute des consommateurs. Cette théorie – qui est devenue une réalité – est engendrée par la surabondance de l’offre. Selon l’observatoire de l’e-pub, au premier semestre 2019 le budget des annonceurs sur les plateformes était de 2,756 milliards d’euros. Dans cette même étude on peut lire que le premier semestre 2020, année de crise covid, ce marché représentait 2,545 milliards d’euros. Une baisse impressionnante mais quand on l’a rapporte à l’ensemble, on se rend compte quand les annonceurs ne lâcheront pas la publicité en ligne de si tôt.
Ces budgets représentent du temps d’audience. En France, Facebook totalise 38 millions d’utilisateurs actifs mensuels (source : Digimind). Quand on sait que le temps passé sur les plateformes est revendu aux annonceurs, pourquoi les utilisateurs ne réagissent pas ?
La révolution numérique : la passivité des révoltés
Steeve Jobs : « l’ordinateur est la plus belle invention de l’homme. C’est comme un vélo, mais pour l’esprit »
Cette phrase est vraie. En revanche, un vélo est un objet qui aide au quotidien, simplifie nos déplacements. Toutefois, les mouvements de roues ne sont pas utilisés pour produire de l’énergie.
Dans la révolution numérique, les outils digitaux facilitent notre quotidien. En réalité, ils créent de la valeur pour ce qui les produisent, non ceux qui les utilisent. Lorsque vous utilisez la suite Google, vous gagnez du temps dans votre travail : agenda, mail, meet… En réalité, vous êtes étudié. Lorsque vous avez une journée chargée, Google sait qu’il peut vous proposer des produits de relaxation. Lorsque vous échangez des mails autour de la gestion de projet, Google sait qu’il peut vous proposer des outils d’organisation planning.
Cette utilisation de la donnée est un fait plus ou moins connu. Ce qui est paradoxal, c’est que pour le dénoncer, les utilisateurs communiquent sur ces mêmes plateformes qu’ils critiquent. Une personne qui s’adresse à ses 500 abonnés aura plus de portée en 1 post que quelqu’un qui parle à ses 5 amis lors d’un dîner.
Combien de fois avez-vous entendu la phrase : “De toute façon Facebook possède déjà toutes mes données” ? Nous utilisons les plateformes depuis tellement longtemps que nous pensons ne plus pouvoir agir. La solution : il faut que les GAFA eux-mêmes se remettent en question. C’est ce qu’Apple a lancé avec sa sécurisation des données. Les clients ne sont pas des utilisateurs, des produits. Ils ne sont donc pas analysés et leur data n’est pas revendue. C’est un argument marketing pour vendre plus de produits. Même si la motivation n’est pas engagée pour de bonnes raisons, la finalité reste positive.
La data : l’enjeu majeur de l’économie de l’attention
L’objectif des plateformes : capter et retenir les utilisateurs
“si tu as beaucoup d’utilisateurs, tu tends un chapeau et BIM du as de l’argent” Andrey Ternovskiy, fondateur de Chatroulette
On le voit aujourd’hui dans l’univers des startups. Dès qu’une entreprise possède un grand nombre d’utilisateurs, elle lève des millions très facilement.
Si vous possédez un produit qui intéresse, la communauté se développe très rapidement. Il vous suffit de faire de l’acquisition naturelle ou payante, puis le bouche à oreille fera le reste. La problématique suivante et de retenir l’utilisateur pour l’étudier et vendre ses données. Pour cela, il faut donner aux gens ce qu’ils souhaitent. Ici on arrive sur des principes d’expérience utilisateur : analyser les données du site ou l’application pour savoir comment retenir les personnes connectées.
Une addiction aux smartphones qui liée à une réaction chimique
La dopamine est considérée comme “l’hormone du bonheur ». Lorsque l’on fait quelque chose qui nous plait, nous sécrétons ce neurotransmetteur. En voyant un message ou un post d’un ami, nous sommes satisfaits. Les smartphones augmentent donc la dopamine. Le bonheur est addictif. Nous en voulons plus et pour en avoir il faut se reconnecter.
Les grosses plateformes comme Facebook ou Google monétisent leurs utilisateurs. Tous les services gratuits utilisent vos données pour faire un profil psychologique de vous.
Les plateformes ont 3 objectifs : engagement (le temps), growth (amener d’autres personnes), advertising (l’argent généré).
Plus vous passez de temps sur une plateforme, plus vous êtes vendu.
C’est un peu comme une machine à sous : dès qu’on regarde ses notifications (mail, etc) on espère avoir quelque chose de bien ou même juste quelque chose. Pour que notre cerveau nous donne de la dopamine et qu’on recommence en continue.
Lorsqu’un magicien vous demande de tirer une carte. Il a déjà choisi ce qui va l’arranger pour son tour. Vous tirez la carte, le tour se passe, vous êtes persuadé qu’il a un pouvoir.
Lorsque vous regarder votre feed réseau sociaux ou vos résultats Google : vous avez, de la même manière que les magiciens, une information orientée.
L’algorithme n’a pas pour but de vous donner une navigation dédiée à ce que vous aimez. Son but est de vous faire rester sur la plate-forme.
Un dealer ne va pas vous donner une dose pour que vous profitiez de votre soirée, il va vous donner une dose pour que vous reveniez.
Vous pensez avoir un feed Facebook proche de celui de votre meilleur ami parce que vous avez les mêmes contacts et centres d’intérêt ? FAUX ! Vous vivez dans 2 mondes différents : vos feeds sont très différents. Maintenant imaginez cette différence a l’échelle des milliards d’utilisateurs ? Ça donne des clivages entre les gens.
L’exemple de 2020 : le coronavirus, quand des gens meurent partout, d’autres disent que la maladie n’existe pas.
Fake News et mouvements extrémistes : les déviances de l’économie de l’attention
L’économie de l’attention pourrait être renommée l’économie de la désinformation ou de la manipulation.
« Si vous voulez contrôler une population, Facebook est la meilleure armes jamais créée jusqu’à aujourd’hui. Imaginez ce qu’un dictateur pourrait faire s’il prenait ce pouvoir » investisseur de Facebook dans le reportage Netflix Derrière nos écrans de fumée.
L’exemple récent : Cambridge analytica et les élections. Les pays concernés : Birmanie, pays d’Asie, beaucoup de régions africaines… et USA Trump et Brexit ! Le principe de la campagne de Donald Trump était de cibler des personnes encore indécises pour orienter leurs votes. Imaginez : vous êtes un jeune homme de 22 ans qui ne s’intéresse pas à la politique. Vous recevez sur vos réseaux des publicités qui décrédibilisent les opposants de Trump à longueur de journée. Après quelques semaines de matraquage, vous serez persuadés que Trump est la solution ! C’est exactement comme ça qu’il a gagné les élections. De plus, pour orienter son programme électoral, il postait des idées – plus ou moins discutables – sur Twitter. Si le taux d’engagement était bon, il l’intégrait à sa campagne. C’est comme ça que les Etats-Unis se sont retrouvés avec un mur à la frontière du Mexique…
Cambridge Analytica est une agence qui utilise simplement les fonctionnalités de Facebook au maximum. En théorie, n’importe quelle agence de social média peut agir de la sorte.
Un cas plus extrême : les recrutements terroristes. Les jeunes qui sont embrigadés sont atteints par des contenus via les réseaux. On leur bourre le crâne d’informations fausses ou sorties de leurs contextes pour les inciter à faire des actions inhumaines.
Les Fakes News sont également un phénomène lié à l’économie de l’attention. Les utilisateurs sont submergés par les contenus. Ainsi, on pense avoir des informations exclusives. Rappelez-vous, nos smartphones nous génèrent de la dopamine. On souhaite plus de dopamine comme un junky. Ainsi lorsqu’on reçoit une information qui nous paraît exceptionnelle, on la partage rapidement, sans vérifier ses sources. Une fake news se répand 6 fois plus vite qu’une information réelle. À l’occasion de l’élection européenne 2019, Facebook a mis en place une war room, une cellule de 40 employés dédiés à la chasse aux fake news. C’est un vrai fléau.
Toutes les recherches pour cet articles sont sûrement orientées par mes plateformes !
La conclusion : pour faire en sorte que tout le monde arrête de s’isoler et de penser que sa vision des choses est la bonne, il faut savoir comment les choses fonctionnent. Pour cela il faut partager cet article et échanger avec moi pour discuter de nos sources. 😉
Pour finir, je vous partage cette vision de Michel Sardou qui résume notre époque, lors d’une interview chez RTL :